Hôtel de la Monnaie
Bon puisque Christiane m'y oblige (voir son billet)
Je veux bien partager avec vous ma balade de mercredi, à savoir l'expo de Maurizio Cattelan à l'Hôtel de la Monnaie.
Avant parlons un peu de cet établissement qui abrite toujours la monnaie de Paris. Egalement au premier étage le restaurant de Guy Savoy qui nous a saluées à l'arrivée. Déjà une première surprise. Plein de charme ce monsieur. Bon je ne m'attarde pas !!!!
L'ancien hôtel de Conti avait été racheté par la ville de Paris pour construire le nouvel hôtel de ville. C'est l'architecte Jacques-Denis Antoine qui a fait réaliser ce bâtiment.
Nous arrivons et passons sous une jolie voûte à caissons.
En face le musée d'Orsay. Aujourd'hui plus aucun appartement de fonction ne subsiste à la Monnaie de Paris
Une première grande salle avec un plafond magnifique
Condorcet rédige à la Monnaie de Paris la majeure partie de son oeuvre scientifique et philosophique. Son épouse y tient l'un des salons les plus en vue du Tout-Paris.
Cette pièce avec de jolies grisailles faisait partie des appartements spacieux et luxueux réservés aux hauts responsables de la Monnaie de Paris. Ici c'est l'ancien boudoir de Madame de l'Averdy (épouse du contrôleur général des finances de Louis XV).
Bon après les mises en bouches, voici l'oeuvre de Maurizio Cattelan.
C'est un artiste italien haut en couleur. Une star de l'art contemporain. Son exposition Not Afraid of Love ("Pas peur de l'amour") est une des plus visitées de la capitale. Pour cause, c'est la première rétrospective de Maurizio Cattelan en Europe. Cattelan est un artiste rare, qui a 56 ans, il vit à New York.
Pour essayer de comprendre Cattelan, il faut lire ce qu'il écrit : "L'humour est une manière de communiquer qui permet de dépasser l'obstacle de la timidité. C'est un signal de fumée permettant de faire passer un message important qui, si jel'exprimais littéralement, serait en fait moins efficace. L'ironie cache souvent un moment dramatique".
Il y a toujours plusieurs niveaux de lecture, mais ces sculptures sont d'abord un choc visuel. Comme ce cheval suspendu sous la voûte de l'escalier d'honneur de la Monnaie de Paris et dont les très très longues pattes semblent allongées par l'apesanteur.
Ce symbole de la puissance guerrière aujourd'hui déchue n'a plus de bataille à mener, il est las.
A chaque entrée de visiteur, Tambourino joue du tambour.
Représenté avec les traits de Cattelan jeune. Il évoque aussi bien le jeune Oscar du crabe tambour que le joueur de flûte. Ce personnage dérange par le son du tambour et par la position en équilibre d'un enfant qui ne devrait pas se trouver là au-dessus du vide. Il donne l'alerte en ces temps incertains.....
Dans la grande salle il faut savoir que la moquette rouge fait partie de l'oeuvre. Le pape Jean-Paul II terrassé par une météorite qui représente les pêchés de l'univers. Jésus fut bien sacrifié lui aussi, mais là le visage du pape n'exprime aucune souffrance.
C'est l'image d'un homme fragile sous le poids d'un fardeau.
Le titre la 9ème heure, en référence à cette 9ème heure où le Christ a dit : "monDieu, pourquoi m'as-tu abandonné".
Je salue l'artiste qui a su rendre ce pape qui a souffert de maladie, aussi naturel et beau. Les cheveux sont naturels, le visage en résine polyester et gomme de silicone.
Une autre très petite pièce où Maurizio Cattelan miniature observe les visiteurs entouré de pigeons naturalisés.
Il s'est fait tout petit parce que pour bien s'entretenir il faut être un peu absent presque invisible.
Ces pigeons touristes ont fait leur entrée dans le musée, miroir de ces touristes de la place St Marc, qui dans leur quête ont fini par faire de ces volatiles l'objet de leur curiosité et par là même des objets de collections.
Des chiens stars qui adoptent un poussin. Cattelan veut nous dire que les chiens sont entrés maintenant dans nos vies, on les voit même accompagnant leur maître à la télé.
C'est un message également de l'adoption. La famille chien adopte un poussin, mais qui va grandir et certainement choisir son identification personnelle.
Ces parents vont devoir construire un foyer dans lequel le poussin devra se sentir libéré du fardeau du racisme et de la discrimination.
Certains peuvent y voir que des animaux empaillés, certains peuvent y voir de la tendresse .........
Alors là je suis restée les bras ballants. Le plancher même de cette pièce a été percé pour pouvoir accueillir cette oeuvre. En se penchant on peut voir les bureaux du dessous.
Parmi les œuvres les plus étonnantes de Cattelan, il y a celle où l'on voit sa tête et ses épaules surgir d'un trou percé dans le plancher. Elle a été maintes fois reproduite dans les journaux et les magazines.
Cattelan est passé de chapardeur picpocket à voleur à main armée. Le trou est le véritable sujet de l'oeuvre.
Cet élève est puni de vouloir rêver, de vouloir s'évader. Il a mal à son envie de liberté, une image forte et dérangeante.
En parallèle des sévices qu'ont subis les anciens à l'école. Les coups de règle sur les mains notamment.
Ma première impression a été de sourire, ce cheval visiblement n'a pas vu la porte.
Son nom Kaputt qui signifie hors d'usage ou hors de combat. Quel bonheur d'imaginer le temps s'arrêter au moment de l'extase, pour toujours. Ce cheval franchissait un obstacle et va droit dans le mur !!!
Je me demande quand même comment ils ont fait pour le faire tenir sur ce mur.
Peut être le dernier souffle d'un homme mains jointes en prière enseveli sous le sable ou la cendre.
Certes l'image de ces linceuls est peut être dérangeante, mais ils sont exécutés dans le marbre de carrare.
Ces neufs vies interrompues qui témoignent de la tragédie des migrants avec laquelle notre génération sera inévitablement appelée à se confronter par les prochaines.
Et l'art qui raconte la vérité n'est pas provocation ou irrévérence, mais nous avertit de ce que nous devons faire
deux Maurizio de la taille d'un enfant sont là, lovés dans la même position. Il serait trop long de vous écrire l'explication de ce double.
Ce Cattelan là, figure l'anti héros ironique pendu au portant de la mode.
le message véhiculé est de ne pas se prendre au sérieux
Cet homme en prière de dos n'est autre qu'un enfant agenouillé vêtu et coiffé comme un premier communiant, mais
de face ou de profil, il n'est autre qu'Hitler lui-même. Tête d'adulte sur un corps d'enfant. On se rend compte qu'avant de devenir ce monstre, il a été aussi un enfant élevé dans la religion catholique.
Demande t-il pardon ???? Cette oeuvre est intitulée HIM (lui)
Cette statue a été vendue près de 15 millions d’euros à New York le 8 mai dernier à un collectionneur américain, mais ce n’est pas à cause de ce prix que les œuvres de Mauricio Catellan sont présentées à l’Hôtel de la monnaie, mais bien parce qu’il est un des plus grands artistes de notre époque.
La dernière est aussi dérangeante. On pourrait le rencontrer à tous les coins de rue de Paris.
Je vous laisse lire le texte
Je vous quitte la-dessus.
Vous l'ai-je bien vendue cette expo ? en tous les cas, elle ne laisse pas indifférent, que l'on aime ou pas.
J'imagine déjà vos commentaires contrariés !!!!