Manufacture de tapisserie de BEAUVAIS
Dans mon dernier quoi de neuf, je vous ai parlé de ma visite à la manufacture de tapisserie de Beauvais.
Elle mérite bien je crois un petit billet car cette manufacture a une histoire.
Les locaux que nous voyons ne sont pas les locaux d'origine.
Afin de soutenir la production nationale, Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, décide la création d'une Manufacture de tapisseries à Beauvais en 1664.
Situé sur la route des Flandres, Beauvais est choisi pour sa situation géographique mais également pour sa longue tradition de tissage remontant au Moyen Âge.
Contrairement aux Gobelins dont la production était destinée au Roi, celle de Beauvais est une entreprise orientée vers le marché privé.
Cette manufacture connait son apogée au 18ème siècle.
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en août 1939, les ateliers de la manufacture quittent Beauvais. Ainsi mis à l'abri, ils échappent aux bombardements de juin 1940 qui détruisent la ville et les bâtiments de la Manufacture.
Après 50 ans d'absence, les ateliers de basse-lisse reviennent à Beauvais dans les anciens abattoirs municipaux édifiés en 1851. Inaugurée le 27 janvier 1989, la manufacture nationale de la tapisserie accueille aujourd’hui une vingtaine de lissiers. Les œuvres sont tissées à partir de modèles commandés à des artistes contemporains pour orner les ministères, les ambassades et les résidences présidentielles.
Ce sont donc dans ces anciens abattoirs que nous admirerons les oeuvres. Pas trop de photos des lissiers, car ils travaillent méticuleusement, et on ne voulait pas trop les déranger, mais ils ont répondu à nos questions très gentiment.
Ce que l'on appelle des métiers de basse lisse, ce sont des métiers qui sont horizontaux. Les haute-lisses sont verticaux. Ici on ne verra que des métiers de basse-lisse.
Le calque du dessin se trouve sous les fils de trame. Le lissier pour voir si son travail est correct, utilise un miroir qu'il passe sous les fils de trame, car il travaille sur l'envers. Ainsi il peut voir l'endroit de son travail. On peut voir cette glace sur les fils de trame à droite.
Ce sont les lissiers qui font eux-mêmes les flûtes pour embobiner les laines.
C'est mixte, parfois ils sont 5 à travailler sur une oeuvre. Il est difficile de s'absenter, car chacun sait que chaque individu a une façon de travailler, tirer les fils, etc... C'est comme le tricot.
Les dessous du décor
A chaque début d'oeuvre un morceau test est réalisé et soumis à l'approbation de l'artiste quant aux choix des couleurs.
Le nuancier. Il est important de commander dès le début la quantité de laine totale pour ne pas avoir de différence de bain de teinture.
La basse-lisse se caractérise par l'utilisation d'un métier horizontal. Tous les fils de chaîne sont embarrés dans une série de lisses paires et impaires qui s'entrecroisent au moyen de pédales. Le lissier tisse à l'envers en suivant le dessin du modèle transcrit sur un papier blanc placé sous la chaîne du métier. Les fils non encore tissés se présentent enroulés autour de flutes.
L'intitulé de cette oeuvre de Philippe Favier : Les mille et une nuisent. On y retrouve en application des broderies réalisées par l'atelier de dentelle d'Alençon.
16 couleurs laine et soie
De Hans Hartung : Encre de Chine et terre de Sienne.
9 couleurs
Jean-Michel Atlan : la danseuse de zen
Philippe Mayaux : Chimère libérée
Quand on voit la quantité de détails, j'imagine même pas le mal de crâne en fin de journée !!!
Je vous dis à bientôt.