Les passages parisiens suite
Vous semblez toutes aimer les passages parisiens. Je vous livre la suite de ma journée estivale dans ces galeries d'une autre époque.
Luchet avait aussi écrit que les passages étaient inutiles tant que les rues restaient à peu près praticables, tant que les gens en voiture voulaient bien laisser une part de pavé aux malheureux piétons ...
Avant l'étalage du boutiquier pouvait hardiment franchir le seuil de la porte et saillir de quelques pouces sur la rue, sans qu'un cabriolet le jette dans le ruisseau.
Pour rendre la concurrence possible à l'intérieur de la ville, on inventa les passages. Il a été choisi des blocs de maisons situées dans 2 ou 3 rues bruyantes et populeuses. Elles ont été bordées de boutiques très ouvertes, très ornées, où la marchandise était très en vue.
Mais le système était imparfait, il fallait que la clientèle se sente happée par le débordement, de chapeaux, de chaussures, de bijoux, il fallait que les clients se sentent bien et surtout qu'ils dépensent. Il fallait en faire un lieu de rendez-vous avec de la lumière, de la chaleur, de la fraîcheur en été, à l'abri de la poussière et de la boue.
Les verrières ont donc vu le jour.
Nous avons poursuivi avec le passage Jouffroy (1847).
Une société rassemblant plusieurs industriels dont Messieurs Jouffroy et Verdeau obtint le droit d'ouvrir ces deux passages.
L'entrée du passage Jouffroy fait face à celle du passage des panoramas.
La tour des délices
des boutiques comme je les aime. Mais avant c'était plutôt le grand déballage dans ces passages.
C'est dans ce passage au grenier à livres que j'ai pu acheté le guide des passages de Paris qui me sert de guide aujourd'hui pour vous conter l'histoire de ces galeries.
Vous ne pensiez tout de même pas que j'avais tout retenu dans ma pauvre tête !!!
Dans ce passage le musée Grévin voit le jour en 1882. Un caricaturiste nommé Grévin eut l'idée de copier le célèbre musée de Mme Tusseau en créant des personnages en cire.
Le passage a été entièrement rénové en 1987 et a retrouvé son dallage d'origine.
Prolongeant le passage Jouffroy, tout naturellement le passage Verdeau qui complète l'enfilade. A eux trois ils forment la plus longue promenade couverte parisienne.
Direction le passage des princes (1860). En toute logique il n'aurait jamais dû exister car les passages n'étaient déjà plus en vogue.
Il aurait été dommage de ne pas pouvoir admirer ce beau dallage. Pas un succès très net à l'époque. Ce passage a réouvert en 1994, entièrement rénové mais pas comme à l'origine. L'architect a fait à sa façon, du coup il a été un peu abandonné.
Mais aujourd'hui il a retrouvé un nouveau souffle en se faisant une spécialité des jouets et des enfants. Il est devenu le passage des petits princes
Passons devant la galerie Colbert (1826). Avec celle de Vivienne, cette galerie, avec les décorations intérieures, en font une des plus élégantes et des plus luxueuses de Paris. Emboitées l'une dans l'autre, ces galeries sont des soeurs siamoises. Mais sa rivale eut toujours la préférence des parisiens.
Dommage qu'elle ne soit plus réservée qu'aux étudiants qui suivent les cours de l'université Descartes. La rotonde a été transformée en garage.
Là aussi nous avons trouvé porte close. Le passage Choiseul (1827) est en grands travaux. C'était le plus mal entretenu de Paris.
J'espère le retrouver un jour avec son faste d'antan.
Nous arpentons toujours les rues de Paris avec grand plaisir, malgré la chaleur qui avoisinait les presque 30°.
Nous arrivons au Palais Royal. Pourquoi parler du Palais Royal ?
Et bien parce qu'à l'origine il existait les galeries de Bois, Vitrée et d'Orléans.
La galerie de Bois et la galerie Vitrée détruites en 1828 et la galerie d'Orléans détruite en 1935.
Malgré les protestations des 72 propriétaires qui avaient vu sur le jardin, le duc de Chartres charge l'architecte Victor Louis de faire la rénovation. Il fait donc construite 180 arcades séparées par des pilastes corinthiens. Chaque maison comprend un rez-de-chaussée et un entresol donnant en retrait sur la galerie.
Le duc de Chartres avait transformé Paris. Le Palais-Royal devenait le centre du commerce et des plaisirs de la capitale. 180 boutiques attiraient une foule considérable. Dans le jardin, trois rangées de chaises étaient disposées à l’intention des promeneurs. On pouvait s’attabler aux cafés pour boire.
les jardins sont encore très prisés, surtout cet été
Pour le commerce, le succès vient de l’abondance et de la variété des marchandises proposées. La densité des boutiques, parfois de simples inventaires, est incroyable : près de 400 magasins pour tout le Palais-Royal. On trouve des magasins de luxe, surtout de joaillerie et d’horlogerie, mais aussi des tailleurs, des traiteurs aux victuailles rares et choisies, trois cabinets de lecture, un établissement de bains… Les modistes se tiennent surtout dans la galerie de Bois. Là aussi les libraires (on en compta jusqu'à quatorze5) et les marchands d’estampes spécialisés dans les publications licencieuses
La seule transformation et pas la moindre, faut la démolition des boutiques. Cette galerie, qui était l’une des plus belles de Paris, abritait l’administration coloniale. Dans une conception purement décorative, elle fut réduite à ses portiques latéraux en démolissant les boutiques et la verrière qui la couvrait tout en maintenant les deux péristyles qui l’encadraient, apportant sans doute au palais une transparence et une luminosité perdues.
Et je suis toujours aussi convaincue que ces colonnes de Buren n'ajoutent rien de beau à ce palais, mais bon ce n'est que mon avis.
Difficile de vous retracer toute l'histoire des galeries de ce Palais Royal, tant l'histoire est riche.
Continuons donc vers le passage Véro Dodat (1826). Ce passage offrait un raccourci entre le quartier des Halles et le Palais Royal
Les plafonds qu'aimait tant Colette. La galerie Véro Dodat porte en elle quelque chose de Venise. Le col de l'allée centrale, bien que pas d'origine, rappelle le dessin des échiquiers florentins
De riches boutiques. Vous trouverez la célèbre marque Louboutin qui offre une coupe de champagne aux clientes célèbres qui essayent ses créations originales.
Cette galerie est un écrin sombre qui garde les mystères. Ne dit-on pas que ses caves ont servi à cacher des résistants pendant la seconde guerre ?
Le prochain billet dans la continuité vous fera admirer St Eustache.
Mais je n'en ai pas fini avec les passages. Une journée ne suffit pas, j'envisage d'approfondir mercredi prochain. Donc affaire à suivre .....